Chrysler TC by Maserati

[maseramo]

Sur la Chrysler TC by Maserati, le trident dans le pentagone remplace l’étoile, le fameux « pentastar » de Chrysler :

La Chrysler TC by Maserati est née de l'amitié de deux hommes aux origines italiennes, dont les parents directs ont émigré pour l'un aux USA (Lee Iacocca qui deviendra le PDG de Chrysler), pour l'autre en Argentine (Alejandro De Tomaso qui deviendra le PDG de Maserati).

Lido Iacocca (qui a américanisé son prénom en Lee) est entré chez Ford en 1946 et il est considéré comme le père de la Ford Mustang. En 1963, Enzo Ferrari refuse au dernier moment d'une longue négociation le rachat de sa société Ferrari par Ford. Revanchard, le constructeur américain décide d'équiper un petit constructeur de voitures de sport italiennes, De Tomaso, en moteurs Ford, histoire de prendre des parts de marché à Ferrari. C'est Lee Iacocca qui s'occupe des transactions avec Alejandro De Tomaso et de là nait leur amitié.

Après une carrière modeste de pilote, Alejandro De Tomaso installa en 1959 son usine à Albareto, dans la banlieue de Modène. Il y construisit d’abord exclusivement des voitures de course, des monoplaces de Formule junior et même une Formule 1, puis des voitures de grand tourisme sportives à moteur Ford.


Lee Iacocca deviendra le directeur général de Ford en 1970, puis ne s'entendant pas avec Henry Ford II, il prendra la direction de Chrysler en faillite en 1979. Il relance la marque grâce à la plate forme K à moteur transversal avant (utilisable sur plusieurs modèles différents) et surtout grâce au premier monospace de l'histoire de l'automobile, le Chrysler Voyager sorti en 1983, 8 mois avant le Renault Espace.

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En 1984, Chrysler entre pour 5 % dans le capital de Maserati et les deux compères décident de produire ensemble une décapotable avec Hard top déposable et capote en toile, ce sera la Chrysler TC by Maserati. TC pour Turbo Convertible ou Touring Convertible selon les sources.

L'auto est présentée au salon de Los Angeles 1986. Les lignes sont agréables et dues à Tom Gale. Lee Iacocca affirme que cette auto est la plus belle italienne débarquée aux USA depuis l'arrivée de sa mère ! Car cette auto sera italienne, assemblée à l'usine Lambrate (ex Innocenti de Milan, comme la Biturbo).

La TC by Maserati dispose en série de l'ABS Teves, d'amortisseurs Fitchel § Sachs et de jantes italiennes Fondmetal, fournisseur de la Formule 1 à l'époque.

[maseramo]

La TC by Maserati repose sur la base Chrysler K et est donc une traction à moteur transversal.

Mécaniquement, trois versions verront le jour, toutes à moteur transversal :

- une 4 cylindres 2.2 litres Chrysler 8 soupapes turbo avec intercooler. 160 cv boite automatique 3 vitesses

- La vraie "Maserati" qui est une 4 cylindres 2.2 litres Chrysler mais avec une culasse 16 soupapes double arbre dessinée par Maserati et réalisée par Cosworth, turbo IHI et intercooler. 200 cv boite Getrag 5 vitesses.

- Pour répondre à la demande américaine un V6 de 3 litres atmosphérique d'origine Mitsubishi rebadgé sans vergogne Chrysler. 141 cv boite automatique 4 vitesses.

Sur les 7300 exemplaires de Chrysler TC by Maserati, seuls 500 exemplaires correspondent au 16 soupapes double arbre. Cependant, si on n'ouvre pas le capot, tous les modèles sont identiques et portent l’appellation TC by Maserati et le trident dans le pentagone.

[maseramo]

Tout semble aller pour le mieux au début puisque en 1986, la participation de Chrysler dans le capital Maserati monte à 15%. Mais les premières voitures, prévues pour début 1987, tardent à être livrées. Elles ne le seront qu'en décembre 1988 avec quasiment 2 ans de retard ! La presse américaine plaint les pauvres clients qui ont signé les premiers bons de commande et parle ironiquement de tomorrow's car, la voiture de demain ... Ce retard est désastreux commercialement car il a généré une concurrence interne. Il était prévu que la TC by Maserati arrive en 1987 à 33 000 dollars puis la Le Baron, avec quasiment la même carrosserie mais en 4 places et deux fois moins chère, en 1988. Mais la Le Baron fut commercialisée dans les temps, courant 1988, avant la livraison des premières TC by Maserati !!!

Si on regarde l'année 1989, Chrysler a vendu 3764 TC by Maserati et 37 489 Le Baron, exactement 10 fois plus ! Bon, en collection, la TC by Maserati prend du coup de l’intérêt. Ce ne serait pas la première fois qu'un relatif échec commercial soit un succès en collection ! D'ailleurs, la TC by Maserati a intégré le musée Panini en décembre 2024 (ici avec l'Alfieri et le premier proto MC 20, celui de la présentation en septembre 2020) :

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En 1991, Chrysler arrête les frais après 7300 exemplaires (malgré son tarif élevé, la TC était vendue à perte) et cède ses 15 % d'action Maserati à Fiat. L’amitié perdure cependant entre Iacocca et De Tomaso, contrairement à ce que l'on peut lire, car Ermanno Corghi m'a affirmé avoir conduit jusqu'en 1993 (maladie de De Tomaso) son patron dans le somptueux palazzo Renaissance que Lee Iacocca possédait en Toscane.

Curieusement, les firmes des deux amis passeront complètement dans le giron Fiat, Maserati en 1993, Chrysler en 2009 !

[maseramo]

Le hard top à 6 points d’attache serait facilement démontable à deux personnes. Il a un hublot « opéra » latéralement avec un "pentatrident" dessus :

Chrysler TC by Maserati derrière, pourtant cet exemplaire a le 2.2 litres 8 soupapes !

[maseramo]

L’intérieur en magnifique cuir italien explique en partie le prix par rapport à une simple Le Baron !

La TC est une stricte deux places :

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L’intérieur d’une « vraie by Maserati » avec la culasse 16 soupapes, le turbo IHI et la boîte Getrag 5 vitesses :

le levier de vitesse ressemble à celui d'une Biturbo contemporaine.

Une autre « vraie by Maserati », un petit quelque chose de la Biturbo dans l'accoudoir aussi, bien que plus long que sur les Maserati :

[maseramo]

[maseramo]

[maseramo]

Sur cette photo ci-dessous de Shinichi Ekko, on voit à l'usine Maserati de Modène la TC by Maserati, les De Tomaso Pantera et les Maserati Biturbo de l'époque :

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[Lodein]

Merci beaucoup pour ce post

Lodein

[CBi]

La TC de la collection Panini, vue à la ferme Hombre en octobre dernier, mais qui apparemment n'est pas dans les voitures actuellement exposées dans le nouveau musée :

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[Gianni]

Merci Alido pour ton post ultra-complet au sujet de cette auto méconnue et... mal-aimée.

Sais-tu si la Chrysler Le Baron Cabrio (dont pas mal d'exemplaires sont visibles sur le continent européen) avait des "restes" de cette TC by Maserati ?

[grpl]

Merci Alido,
modèle surprenant qui m'a toujours interrogé sur sa légitimité, grâce à toi j'ai les réponses
Le Baron cabrio était aussi très séduisante

[maseramo]

Merci les amis pour votre accueil à cet article.

Oui Gianni, la Le Baron a déjà bénéficié d'une grande partie de la carrosserie TC, seul l'avant est différent avec des phares cachés et une calandre "en cascade". Le tableau de bord et le mobilier de la planche des premières Le Baron semble très proches de ceux des TC.

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Au niveau moteur, la Le Baron a reçu les mêmes moteurs avec en plus le 4 cylindres 2.2 litres sans turbo en entrée de gamme. Quelques 2.2 litres 16 soupapes Turbo IHI (la participation Maserati) auraient été vendus au Mexique ! Par contre la Le Baron a gagné deux places arrières, un peu exiguës mais présentes.

[Princedead]

Merci Alido pour cette review complète, une fois de plus ! chapeau car tu me ferais presque apprécier cette voiture que je ne porte pourtant pas dans ma plus grande estime...

En Cabrio , elle est presque jolie. Le Hard Top est moche, et ce hublot qui n'a rien à faire là...

J'en apprend aussi sur les motorisations et goute cette pincée de Maserati que tu distille dans ton propos.
Et toujours le sens du détail et de l'anecdote : on est presqu'avec DT et Lee au moment ou ils se disent :"Tiens on se ferait bien quelques dollars avec ton trident partout sur mon cabriolet! "

Je ne sais pas encore si elle sera dans ma collection 1/43 un jour mais elle vient de passer de "carrément dégeu " à " mouais bof " et c'est déjà un saut vertigineux !!!

[Olive#MC]

J’ai exactement pensé la meme chose que toi de bout en bout !
Une curiosité tout de même…
Sacré article !

[Blu Sera]

Merci Alido pour ce focus sur ce modèle méconnu et considéré souvent comme un enfant illégitime.
Pour ma part, je considère que la TC a sa place dans l'histoire de la marque, comme le témoignait sa présence jusqu'ici dans la collection Panini.