Maseratitude

merci pour les photos
mais c'est bizarre qu'il y ait deux voitures abec le numéro 2 ???

Domi13 a écrit :Un beau plateau de 250F



Dominique
3200GTA

Un rectificatif : ces ne sont pas des 250F, ce sont des 4 CLT (1947 à 1950).
Désolé pour cette petite erreur.
Mais l'histoire de Maserati est unique et on lui doit la véracité des faits.
Merci à Maseramo de sa vigilance , et je lui lui laisse le soin de nous éclairer de ses lumières sur les différences entre ces deux modèles de légende.
Dominique
3200GTA

Merci Domi pour cette photo extraordinaire ! Je crois que c'est Guerino Bertochi, la main gauche sur la hanche, entre la 32 et la 28. Par contre pourquoi y-a-t-il deux numéro 2 ???
Effectivement, ce sont des 4 CLT (1947 à 1950). C'est vrai que la différence avec la 250 F n'est pas évidente au premier coup d’œil et je n'avais d'ailleurs pas relevé tout de suite. C'est super intéressant que tu aies mis cette photo car ça crée l'occasion d'analyser les détails qui distinguent la 4CLT :

-il n'y a pas le bouchon du réservoir d'huile derrière celui d'essence car le réservoir d'huile est sur le flanc droit de la 4CLT alors qu'il est dans la queue de la 250 F
- le réservoir d'essence de la 4CLT est caréné (lisse en surface) alors que c'est la paroi boulonnée peinte du réservoir qui sert de carrosserie à cet endroit sur la 250 F pour gagner du poids
- le réservoir monte plus haut dans la 4CLT
- il y a un espace entre le moteur (assez court) et le radiateur dans la 4 CLT, espace occupé par les deux compresseurs superposés
-tableau de bord ramassé sur la droite dans la 4 CLT
-volant 4 branches sur 4 CLT


Ci-dessous, le réservoir d'huile (rendu nécessaire par le carter sec, évitant le déjaugeage dans les virages et l'effet freinateur du bain d'huile sur le vilebrequin) est noir et sur le flanc de la 4CLT. A noter les deux échappements par cylindre (un par soupape) et les deux compresseurs superposés devant le moteur :

la 4CLT constituait la fin d'une lignée, celle des Maserati à compresseur type "avant guerre". La 4CLT avait 4 cylindres en ligne, 2 arbres à cames en tête, 4 soupapes par cylindres, deux compresseurs, 280 cv pour 1.5 litres sur 4CLT/48 puis 290 cv pour 1.7 litres sur 4CLT/50. Très performante, la 4CLT aurait peut-être été championne de Formule 1 en 1948 et 1949 si le championnat, créé en 1950, avait existé. Mais en 1950 et 1951, elle ne put résister aux foudroyantes Alfa Romeo 158 et 159 de Nino Farina et de Juan Manuel Fangio.
Le bouchon du réservoir d'huile sur le flanc de la 4CLT. Le capot moteur est aussi plus haut que celui de la 250 F :

Le tableau de bord ramassé à droite de la 4 CLT et le volant 4 branches (3 branches sur 250 F) :

La 4 CLT, sortie en 1947, fut la dernière Maserati de course sur laquelle Ernesto Maserati travailla (avant son départ fin 1947 pour aller créer OSCA), en collaboration tranquille (c’était le caractère d’Ernesto) avec les « ingenieri » d’Adolfo Orsi. Le T de CLT signifiait « Tubolare », la grande nouveauté de cette voiture par rapport à la 4CL d'avant guerre qui perdait son châssis classique en échelle (deux longerons en acier unis par des traverses en alliage) pour un ensemble en tubes d’acier de section ronde assurant à la fois rigidité et légèreté (630 kg à vide pour l’auto). Le moteur disposait désormais de roulements aux têtes de bielles et de pas moins de deux compresseurs Roots superposés (1 seul sur 4CL). Ci-dessous le châssis tubulaire fabriqué par la société Gilco a déjà reçu le moteur Maserati et attend la carrosserie Fantuzzi :

Et voici la 4CLT complète :

Ce bolide fabuleux, capable de 270 km/h, fut un grand succès commercial (29 exemplaires vendus) qui participa largement à la relance des courses après guerre. La 4 CLT obtint également un très beau palmarès sportif : doublé au Grand Prix de San Remo 1948 (Ascari devant Villoresi) d’où le surnom de « San Remo » donné à la 4 CLT, victoires aux Grands Prix des Nations, de Monaco et de Mar Del Plata 1948 avec Nino Farina, aux Grands Prix d’Angleterre et de Buenos Aires 1948 avec Luigi Villoresi. La saison 1949 de la 4 CLT fut tout aussi enthousiasmante avec les victoires de Luigi Villoresi au Grand Prix du Brésil à Interlagos, d’Alberto Ascari au Grand Prix d’Argentine à Buenos Aires, d’Emmanuel de Graffenried au Grand Prix d’Angleterre, de Juan Manuel Fangio aux Grands Prix de San Remo et d’Albi.
Ci-dessous le pilote suisse Emmanuel de Graffenried (dit "Toulo") remporte Silverstone 1949 :

On voit bien les 8 échappements de la 4CLT (2 par cylindre, 1 par soupape d'échappement) et le refroidissement individuel par cylindre (6 durites qui viennent d'en haut entre les deux arbres à cames, 5 encadrant les cylindres plus 1 au centre) :


Luigi Villoresi vient de remporter sur 4CLT le Grand Prix d'Angleterre 1948. Guerino Bertocchi veille à la bonne hydratation de son pilote !

Mille mercis à vous tous pour ces belles photos et ces anecdotes mythiques ! Pour rester dans le thème, voici Guerino Bertocchi en 1951, posant fièrement devant une 4 CLT :

Tiens, je crois bien en avoir trouvé une dans mes archives :

Et une autre, lors de la présentation de la Pantera en Suède.

Gun a écrit :Tiens, je crois bien en avoir trouvé une dans mes archives :

super photo, merci Gun. On est à Monaco en 1955. Guerino Bertocchi est le second à partir de la droite.

Merci Gun pour cette photo de l'armada Maserati à Monaco

Guerino Bertocchi dans ses jeunes années, à la gauche du grand Nuvolari :

Magnifique photo ! Maserati 8 CM ou 6C 34 (c'était la même carrosserie, l'une en 8 cylindres 3 litres, l'autre en 6 cylindres 3.7 litres)

Ci-dessous, à côté d'une 250 F 1955 ou 1956 Guerino Bertocchi à gauche (qui a réglé et rodé personnellement toutes les 250 F), Stirling Moss (pilote d'usine Maserati en 1956) et l'ingénieur Valerio Colotti en chemise à carreaux. Valerio Colotti a beaucoup aidé Giulio Alfieri pour les transmissions et boites de vitesses jusqu'en 1958 :

Voici une photo exceptionnelle, prise en 1961, qui témoigne que Guerino Bertocchi a également mis son talent au service de la mise au point des moteurs V8 Maserati qui équipaient les formidables bateaux de course Timossi :

Toujours sur le pont, Guerino !

Le V8 4.5 litres 400 cv de la 450 S connut deux évolutions "marine" : le Tipo 59 de 5.6 litres pour 520 cv et le tipo 62 de 6.5 litres pour 580 cv !!!!! Certains ont monté ces évolutions marines sur leur barquette 450 S (qui était déjà terrifiante avec 400 cv pour 790 kg soit plus de 300 km/h !). Je crois que Carroll Shelby avait fait placer un Tipo 59 dans sa voiture et l'ancien proto 350 S / 450 S équipé secondairement du Tipo 62 fut à vendre il y a 2 ans (voir bas de page 3 de l'article sur la 450 S):

http://www.maseratitude.com/viewtopic.p ... 0&start=20

Encore merci Blu pour tes recherches iconographiques formidablement intéressantes

Monzanapolis 1958. Guerino Bertocchi et l'Eldorado :

Encore une belle photo dénichée par Blu. Cliquez sur l'image pour la voir en entier.

Quand on voit ces petites bandes de roulement, on tremble en pensant que cette fusée pouvait atteindre 370 km/h avec son V8 4.2 litres issu de la 450 S (410 cv) placé dans un châssis léger de 250 F Telaio 2 Lightweight (758 kg au total à sec) ! Toute l'équipe avait touché de belles combinaisons blanches à effigie du marchand de glaces "Eldorado" qui sponsorisait le projet.
La boîte de vitesse de la 420 M 58 (4.2 litres Monoposto 1958), placée contre le différentiel arrière, ne disposait que de deux vitesses car, sur l’anneau à virage relevé de Monza comme à Indianapolis, le bolide restait constamment à haute vitesse (jusqu'à 370 km/h) et tournait en sens antihoraire, ce qui était inhabituel sauf à Indianapolis.
Ce fut Guerino Bertocchi qui assura les premiers roulages et le rodage de la 420 M 58. Après plusieurs centaines de kilomètres, Guerino, à 43 ans, tournait régulièrement en un temps qui lui aurait permis d’être second sur la ligne de départ ! A Monza en 1958, après un bon début de course aux mains de Stirling Moss, le boîtier de direction se brisa aux 2/3 du parcours, probablement du fait des énormes contraintes mécaniques en virage, entraînant un accident à plus de 260 km/h dont le pilote sortit heureusement indemne.

Merci pour ces précisions Maseramo, grande épopée assurément
Variation sur le même thème, Guerino Bertocchi est toujours là :

Tout petit retour en arrière, Guerino Bertocchi s'extraie de L'Eldorado qu'il est en train de roder/régler aux petits oignons !

Le bolide n'a pas encore ses peintures publicitaires ni son rétroviseur. A gauche, l'ingénieur Giulio Alfieri, les bras croisés et le regard songeur devant l'une de ses innombrables œuvres. Notez le moteur V8 très décalé sur la gauche de l'Eldorado afin que l'arbre de transmission passe sur le côté du siège du pilote, ce qui permettait d'abaisser le siège au maximum (valait mieux à 370 KM/h). Les mains dans le moteur, je crois que c'est Ermanno Cozza alors que l'on a probablement le mécanicien Giulio Borsari derrière lui en blanc.

Merci pour ces histoires impressionnantes et émouvantes au travers de ces superbes photos et récit du détails.
On s'y croirait
Que de passion !!!!
Merci les amis
Dominique
3200GTA