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Re: Maserati 4C, Mille Miglia et 250F...

Publié : mar. 22 avr. 2014 09:45
par maseramo
Bravo à Drew pour son français déjà excellent et pour l'effort d'écrire en français !

Re: Maserati 4C, Mille Miglia et 250F...

Publié : mar. 22 avr. 2014 21:53
par maseramo
Salut Steph, je reconnais bien là ta sagacité ! Eh bien non, je donne ma langue au chat ! (pour Drew : expression française pour dire qu'on ne sait pas !). Elle est magnifique cette A6 GCS, mais à part te dire qu'elle est partie de Brescia à 5 h 27 pour les Mille Miglia, je ne connais pas son histoire. J'ai bien hâte de l'apprendre d'ailleurs ! Amitiés

Re: Maserati 4C, Mille Miglia et 250F...

Publié : mer. 23 avr. 2014 21:25
par maseramo
Document super intéressant avec :

- La pub pour la A6 GCS/53 et la liste de ses victoires
- Le topo sur la 250 F naissante : "l'année 1954 voit la nouvelle formule Grand Prix avec cylindrée jusqu'à 2.5 litres. Maserati prépara sa réponse avec la nouvelle 250 F, une 6 cylindres imaginée par Gioacchino Colombo. Avec elle, Juan Manuel Fangio put vaincre en Argentine et en Belgique, le 2 premières compétitions mondiales, avant de passer chez Mercedes pour finalement conquérir son second titre de champion du Monde de Formule 1 (effectivement, la Mercedes ne fut pas prête dès le début de la saison 54). La 250 F sera développée continuellement et vendue à des pilotes privés, leur permettant de rivaliser presque à arme égales avec les voitures officielles."
- La photo de gauche montre le général Juan Domingo Peron (le dirigeant argentin) dans le cockpit de la première 250 F avec Adolfo Orsi (le propriétaire de Maserati, un peu en avant du volant, chauve, un peu ventripotent mettant sa veste sous tension), Juan Manuel Fangio (juste derrière Peron), le pilote argentin Onofre Marimon (costume blanc, le second à droite) et l'essayeur-metteur au point Guerino Bertocchi (de profil tout à fait à l'arrière de la 250 F, à moitié sorti de l'image).

Re: Maserati 4C, Mille Miglia et 250F...

Publié : mer. 23 avr. 2014 21:44
par maseramo
Cette photo est importante car elle illustre bien, en 1954, le rapprochement Adolfo Orsi-Juan Peron qui coûta très cher à Maserati ...

Pour attirer des fonds en Argentine, Peron avait promis aux industriels de tout poil moult avantages et garanties. Par l'entremise de Juan Manuel Fangio, un rapprochement eut lieu entre Peron et Adolfo Orsi. Un contrat fut signé entre eux en 1954 : Peron s’engagea à ce que l’état argentin verse 3 millions de dollars à Orsi en échange de machines outils et de matériel ferroviaire alors que Orsi concédait un délai de paiement de 3 ans et que les banques italiennes, notamment « il Credito Italianno », assuraient le financement de l’investissement. A terme, il était même prévu de créer une usine produisant des Maserati près de Buenos Aires. L’Argentine avait à peine commencé à régler une petite partie de sa dette, en blé, quand Juan Peron fut renversé en 1955 et contraint à l’exil en Espagne. Ses successeurs ne reconnurent pas la dette contractée par « el conductor » (c’est ainsi que l’on nommait Peron avant sa destitution, terme de même étymologie que « il duce », celui qui conduit). Ce fut la catastrophe pour Adolfo Orsi, d’autant plus que d’autres très mauvaises nouvelles surgirent en même temps : le gouvernement espagnol ne parvenait plus à régler une facture de 437 000 dollars de machines outils, l’armée italienne stoppait son contrat d’approvisionnement en bougies d’allumage car l’isolant de celles-ci n’était pas de bonne qualité, la firme Italmoto (du groupe Orsi) qui fabriquait des motos sous le nom Maserati déplorait une chute des ventes à cause de problèmes de fiabilité (pistons grippés). Adolfo Orsi fut contraint de vendre une grande partie de son patrimoine pour obtenir des fonds qui firent patienter quelques temps ses créanciers. Mais cela ne suffit pas. En fait, les Officine Maserati et les Fonderie Riunite restaient les seules activités bénéficiaires de « l’empire Orsi » qui vacillait sous les dettes. Un temps, le « torchon brûla » entre le père et le fils, Omer Orsi (le fils d'Adolfo et directeur de Maserati) déplorant que « son » Officina ait à payer les pots cassés du rêve argentin de son père. Acculé, Adolfo Orsi proposa même à Juan Manuel Fangio de racheter pour 625 000 dollars la moitié des Officine Maserati. Mais Fangio, bien que prospère concessionnaire General Motors à Buenos Aires, ne parvint à réunir plus de la moitié de cette somme et « il Credito Italiano », se lassant d’attendre, demanda la mise en liquidation judiciaire de tout le groupe Orsi, dont Maserati. Pour sortir de cette impasse financière, il fallait absolument un très gros succès commercial qui permettrait de négocier avec les banques un étalement du remboursement de la dette et, dès 1956, tout en élaborant dans cette ambiance angoissante la 450 S et en peaufinant à l’extrême la 250 F, Giulio Alfieri travailla d’arrache pied sur le projet 3500 GT, nom de code Tipo AM 101, l’auto de tourisme qui allait sauver Maserati.

Comble de l'ironie, alors qu'elle venait d'être sacrée champion du monde de Formule 1 en 1957, Maserati sous contrôle bancaire se vit interdite de compétition à partir de 1958 par "il credito italiano".
En effet, sous la pression du « Credito Italiano » (qui voulait récupérer ses fonds de la malheureuse aventure argentine d’Adolfo Orsi), l’Officina Alfieri Maserati fut mise en cette fin 1957 sous contrôle judiciaire et administration bancaire. On lui interdit pour 1958 tout engagement dans un programme de compétition « usine », estimé trop dispendieux, autorisant cependant la vente de voitures de course à des écuries ou des pilotes privés. Heureusement que ce jugement n’était pas intervenu en 1957 car il aurait privé Maserati d’un titre de champion du monde de formule 1, Fangio n’aurait en effet signé que pour une écurie « usine ».

Re: Maserati 4C, Mille Miglia et 250F...

Publié : mer. 23 avr. 2014 23:25
par maseramo
Sans la dette argentine du groupe Orsi, le parcours de la firme Maserati eut été différent et son engagement en compétition dans les années 60 bien plus important. Quand on pense que le projet Birdcage fut initié par Giulio Alfieri en cachette des dirigeants et de la tutelle bancaire !!!

Maserati fut pourtant bénéficiaire dans les années 60 grâce à la grande qualité et au prestige des voitures de tourisme qu'elle produisait, mais pas suffisamment bénéficiaire pour résorber significativement la dette argentine du reste du groupe Orsi. Cette dette, dont Maserati n'était pas reponsable mais caution hypothécaire, ne s'effaça qu'en 1968, 14 ans après avoir été contractée, quand Adolfo Orsi vendit (très bien) Maserati à Citroën. L'ingénieur Giulio Alfieri a eu bien du mérite dans les anées 55 à 68 de produire des chefs d'oeuvres dans ce contexte inquiétant et précaire.

Cette photo de Juan Peron dans la 250 F est décidemment cruciale historiquement et annonçait de grosses dificultés, auxquelles Maserati a survécu vaillamment ! Cette firme Maserati a franchi bien des obstacles dans son histoire !!!

Re: Maserati 4C, Mille Miglia et 250F...

Publié : jeu. 24 avr. 2014 22:17
par maseramo
Encore merci pour cette fameuse photo historique, Steph. Malgré mes fouilles, je n'avais jamais réussi à trouver Adolfo Orsi et Juan Peron sur la même photo !

Ton deuxième tableau est riche aussi en photos inédites qui ne traînent pas sur internet. On est très tôt dans l'après guerre, en 1949. merci pour :

- la pub pour la A6 1500 GT de tourisme ( 65 ou 90 cv), lA MARCA CHE SI IMPONE , la marque qui s'impose
- les dessins de la monofaro, version course de la A6 1500 GT en version poussée à 2 litres 130 cv. NEI CIRCUITI : sur les circuits
- les dessins de la 4 clt, monoplace de ce qui ne s'appelait pas encore (avant 1950) la Formule 1. NEGLI AUTODROMI : sur les autodromes
- la photo sup est super : Fangio remporte sa 3 ième victoire consécutive à Perpignan sur la 4 clt qui était la meilleure voiture monoplace de course de l'après guerre avec l'Alfa Romeo 158 / 159. Toutes les 2 en 1.5 litres compressés (4 cylindres en ligne pour la

Re: Maserati 4C, Mille Miglia et 250F...

Publié : jeu. 24 avr. 2014 22:21
par maseramo
J'adore la 4 CLT:
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Le T de CLT signifiait « Tubolare », la grande nouveauté de cette voiture qui perdait le châssis classique en échelle de la 4 CL d'avant guerre (deux longerons en acier unis par des traverses en alliage) pour un ensemble en tubes d’acier de section ronde assurant à la fois rigidité et légèreté (630 kg à vide pour l’auto). Le moteur disposait désormais de roulements aux têtes de bielles et de pas moins de deux compresseurs Roots. Bien sûr, les quatre soupapes par cylindres de la 4 CL étaient toujours au rendez-vous et la puissance atteignait 280 cv en 1500 puis 290 cv en 1700 en 1949. Ce bolide fabuleux, capable de 270 km/h, fut un grand succès commercial (29 exemplaires vendus) qui participa largement à la relance des courses après guerre. Elle obtint également un très beau palmarès : doublé au Grand Prix de San Remo 1948 (Ascari devant Villoresi) d’où le surnom de « San Remo » donné à la 4 CLT, victoires aux Grands Prix des Nations, de Monaco et de Mar Del Plata 1948 avec Nino Farina, aux Grands Prix d’Angleterre et de Buenos Aires 1948 avec Luigi Villoresi. La saison 1949 de la 4 CLT fut tout aussi enthousiasmante avec les victoires de Luigi Villoresi au Grand Prix du Brésil à Interlagos, d’Alberto Ascari au Grand Prix d’Argentine à Buenos Aires, d’Emmanuel de Graffenried au Grand Prix d’Angleterre, de Juan Manuel Fangio aux Grands Prix de San Remo et d’Albi et, comme le montre la photo de Steph, à la course de Perpignan 49.